Un beau matin, des rayons chatoyants qui descendent du ciel pour auréoler la terre de leurs chaudes caresses. Il semblait que les fleurs elles mêmes s'épanouissaient à vue d'oeil quand les doigts de Phoebus les effleuraient. Les Hommes sentaient son souffle sur leur peau et le bénissaient en faisant bâtir des temples fastueux. Les rois eux même, si puissants, ne pouvaient que se prosterner devant la puissance de l'astre solaire divin, engendré par un monde encore enfant, si loin qu'aucun vieillard, aucune créature ne puisse s'en souvenir. Les aèdes voyaient en ces rayons une personnification de la beauté épurée et du souffle de vie. Mais il était des êtres que cette félicité ne touchait pas, il était des êtres maudits que le soleil bânit.
Zara était l'un d'entre eux, un de ceux qu'ignore et rejette le soleil. Il craint sa lumière qui le rend vulnérable, lui qui autrefois lui rendait un fervent culte. Il se leva presque à contrecoeur, se cachant les yeux de ses mains. Se sentir ainsi vulnérable était grandement désagréable, sentir que ses facultées étaient brouillées par la lumière était agaçant, mais il lui fallait s'accomoder, ce serai son lot quotidien pendant un bon moment, le temps de former les jeunes sauveurs du monde d'Ouranos. Le vampire ne se souvenait pas très bien les raisons de son arrivée ici, son esprit lui même en ignorait la motivation, car en outre le fait de commencer une vie diurne, le caractère de son employeur l'inquiètait au plus haut point.
On le décrivait comme une femme séduisante et attirante. On décrivait Mhiryo Itora comme ouvert d'esprit en matière de relations amoureuses, et surtout, il avait la réputation de "draguer" à tours de bras. Cela était très dangereux pour le jeune homme, qui ne tenait pas à être découvert, et surtout pas par son employeur, aussi pervers soit-il : Zara le sentait incapable de garder le secret et pour cause : le jeune dirigeant inspirait plus la défiance que la confiance. Il lui faudrait donc éviter de se trouver seul avec lui trop longtemps, avant qu'il ne lui fasse des avances, qu'il repousserait bien entendu. Il avait d'autres chats à fouetter par les temps qui courraient : comme affronter une armada de jeunes élèves survoltés et indisciplinés par exemple.
Le "jeune" homme se souvenait encore de sa propre enfance à la cour de Sahi, il se souvenait comment les adolescents étaient perturbateurs et passionnés. Son frère collectionnait les conquêtes et lui même avait eu du mal à résister à la vague de rebellion qui caractérise cette période de la vie : une envie de tout envoyer en l'air et de s'opposer... juste pour le plaisir de s'opposer. C'est pourquoi il redoutait ce premier cours qui allait se dérouler ce matin là. Pourvu que ces jeunes Elus ne soient pas semblables aux jeunes nobles oisifs de la cour. Ce serait mieux qu'ils viennent des quartiers populaires : Zara n'en avait cotoyés que très peu.
Il entra dans la salle de cour dans un pauvre état : il ne s'était mit à la vie en plein jour que depuis une journée ou deux, la chaleur du soleil le rendait encore à moitié malade. Il calfeutra rapidement les fenêtres et d'affala sur son siège, la tête entre les mains. Comment faire une démonstration de lecture des images quand on est soit même incapable de bien ouvrir les yeux ? Surtout que tous ces jeunes esprits lui demanderont sans doute conseil dans l'interprétation des figures, étant des novices en la matière. Ses yeux mordorés pleuraient abondamment et il du les essuyer avec un pan de sa tunique, laquelle couvrait la quasi totalité de son corps et le faisait littéralement cuire sous le climat chaud du Sanctuaire. Il trouva quand même le courage de se lever de son bureau pour disposer les images gravées dans du bois sur les tables. La fraicheur gagna peu à peu la salle calfeutrée et Zara se sentit assez bien pour se dévêtir un peu.
Il posait son manteau de laine azur quand la porte s'ouvrit, sans qu'il eut entendu que l'on frappa. Apparut, vêtu d'une flamboyante tunique et auréolé de la lumière du dehors qui aveugla momentanément le vampire, Mhiryo Itora arborant un agréable sourire, juste la personne qu'il craiganit de voir en ce moment de stress.
Zara se forçat quand même à la courtoisie, tout en s'efforçant de refermer la porte afin de retrouver le noir qu'aimaient ses yeux.
- Bien le bonjour. Qu'est ce qui vous amène de si bon matin Monsieur ?
Ce qui plaisait bien à Zara, c'est qu'il lui était inutile de moduler sa voix pour la rendre féminine : elle y était déjà. La supercherie était ainsi plus facile à faire tenir. Il sourit poliment à son supérieur hiérarchique.